La directive est claire: pas de téléphone bête ou intelligent dans les établissements scolaires.
Vingt ans plus tôt, comment faisait les élèves ? Pas d'internet, pas de réseaux sociaux, pas de courriels. Ah si, il y avait les calculettes. Et elles étaient interdites, un peu, beaucoup, pas du tout, à la folie. La mémoire s'y perd. La mienne se rappelle d'avoir eu un zéro pour avoir calculé la solution d'une équation du 2ième degré à 1 inconnu avec une calculette programmable. Raison invoquée par l'enseignant : votre résultat n'est pas juste. En effet, d'un point de vue mathématique, le résultat d'un nombre réel sur une calculette n'est jamais juste. Il aurait fallu que je donne une fraction.
La morale de cette histoire est qu'il faut former les élèves et les enseignants. Les premiers pour utiliser les moyens numériques à bon escient et les deuxièmes pour s'approprier ses nouveaux outils et éduquer les élèves à …bien s'en servir… et éviter de coller des zéros aux élèves a posteriori (humour).
Ce problème des moyens pédagogiques n'est pas nouveau. Déjà du temps des premières universités, lorsqu'on est passé de l'oral au papier, cela a dû être une révolution. J'imagine le professeur s'adressant à son élève en cours magistral : "Quoi ! Vous prenez des notes sur du papier ! N'êtes-vous point capable de retenir mon cours simplement avec votre mémoire !?"
La problématique des outils numériques personnels, qu'ils soient tablettes, ordinateurs portables, téléphones intelligents, est que ces outils sont personnels, et donc le reflet du statut social de la famille de l'élève (riche/pauvre) et de ses moyens (famille nombreuse ou avec 1 enfant). Donc forcément, cela complique la vie d'un enseignant, s'il doit s'adapter à une telle diversité de moyens numériques.
La bonne approche serait celle utilisée par les entreprises, celle qui consiste à standardiser le poste de travail des collaborateurs. Or à l'heure actuelle, les élèves n'ont pas de poste de travail. Ils ont des moyens numériques qui sont le plus souvent partagés au sein de l'établissement, qui enrichissent le cours, qui initient aux méthodes édumatiques mais qui ne remplacent pas le papier des cahiers et des manuels et les trousses remplis de stylos et de règles. Leur poste de travail se résume à un cartable rempli de papier. D'où une frustration certaine et des résultats mitigés.
L'éducation nationale n'a pas encore une DSI avec une équipe d'ingénierie "Postes de travail" et tout ce qui l'accompagne : ingénierie des infrastructures réseaux, stockage, infonuage, etc.
Mais en faisant un rapide calcul, un cout annuel de poste de travail de 1500€/élève ou enseignant, amènerait le budget informatique de l'éducation nationale à près de 20 milliards d'euros par an ! (12M élèves + 700k enseignants).
Sans le montrer véritablement, l'interdiction des téléphones dans les écoles révèle à quel point le défi de la généralisation de l'édumatique est dans la réduction du TCO.
(*) TCO = Total Cost of Ownership = cout total d'un poste de travail informatique
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